dimanche 14 juillet 2013

Après la pauvreté des femmes, celles des enfants...

... est à nouveau dénoncée dans un avis en date du 8 juillet 2013  émis par le Conseil Nationale de Lutte contre la pauvreté et l'Exclusion sociale (CNLE).



La fragilité de la population féminine face au phénomène de précarité socio-professionnelle avait déjà été mise en exergue dans une étude du CESE publiée en janvier 2013, Femmes et précarité. Ce rapport de la Délégation aux droits des femmes et à l'égalité montrait à l'aide de chiffres éloquents l'importance de la pauvreté financière affectant les femmes dans notre pays :
  • En 2010, la pauvreté monétaire (pour rappel, le seuil de pauvreté est estimé à 60 % du revenu médian et correspond à 964 euros mensuels pour une personne seule) touchait 14,1 % des personnes vivant en France (14,5 % de femmes et 13 % d’hommes) et affectait près de 33 % des familles monoparentales. 
  • La pauvreté économique (revenu d'activité d'un individu incluant les indemnités de chômage ou de maladie) concernait 3,7 millions de personnes, dont 70 % de femmes qui, bien qu'elles exercent un emploi, perçoivent un revenu inférieur à ce seuil de 964 euros mensuels.
  • Les femmes représentent 57 % des bénéficiaires des allocataires du Revenu de solidarité active (RSA). Par ailleurs, 31 % d'entre elles sont à la tête d’une famille monoparentale et constituent la quasi-totalité des allocataires du RSA « socle majoré » qui a remplacé l’allocation de parent isolé (API).
Par ailleurs, l'aspect multidimensionnel de la pauvreté était clairement énoncé, tout comme ces néfastes conséquences, notamment sur le long terme du fait de la potentialité de transmission et de reproduction d'un état précaire d'une personne à ces enfants. Non seulement, l'insécurité économique et sociale met à mal l'effectivité des droits, libertés et bien-être d'un individu (stress chronique, renoncement aux soins et aux examens de dépistage, pouvoir d'achat réduit impactant l'alimentation, le logement, les loisirs, etc.) mais elle peut également nuire au bon développement et épanouissement d'un enfant (en terme d'éducation, de santé, d'activités sociales, sportives, de logement, conduites à risques, privations diverses, etc). À ce titre, je vous recommande la lecture du rapport de l'Unicef paru en avril 2013 "Bien-être des enfants dans les pays riches" dont l'analyse est très édifiante quant à l'efficience des politiques publiques en faveur des familles, des enfants et de lutte contre la pauvreté.

Cette situation préoccupante au sujet des enfants n'a de cesse d'être dénoncée par de grands organismes et associations, comme l'Observatoire du Samu Social qui déclarait en 2012 que les enfants représentaient 50% des 22 000 personnes en famille hébergées via le Pôle d’hébergement et de réservation hôtelière (PHRH) de Paris10.
D'après le récent avis du CNLE :
"19,6 % de la population des moins de 18 ans vivent dans une famille dont les revenus sont inférieurs au seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian (soit inférieur à 964 euros mensuel). Cela revient à dire qu’un enfant sur cinq est pauvre et qu’une personne pauvre sur trois est un enfant".
Même si la France a réussi à faire reculer nettement la pauvreté relative des enfants grâce à d'importantes mesures de protection sociales selon l'Unicef (Bilan Innocenti 10, 2012 : le  taux brut de pauvreté relative est passé de 19,4 % à un taux net de 8,8 %), de nombreux efforts restent encore à produire pour gagner en performance et mieux couvrir les besoins de ce public. 
Parmi les prochains projets prévus, j'avais évoqué dans un précédent article sur le Plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale, ceux de multiplication et de diversification des lieux d'accueil pour les enfants de moins de trois ans. Le gouvernement projette également de majorer deux allocations sur cinq ans : celle de soutien parental de 25 % et celle du complément familial de 50 %.


Toutefois, le problème de financement de ces mesures est à nouveau pointé du doigt en raison des restrictions budgétaires enregistrées tant au point de vue national que communal. Il en est de même concernant la mauvaise redistribution des prestations de l'action sociale de la branche famille de la sécurité sociale (rapport de la Cour des comptes de 2011) qui accentuent le phénomène d'inégalités sociales sur les territoires.

En conclusion, les auteurs espèrent voir davantage :
  • de coordination et de cohérence dans la mise en oeuvre des orientations des politiques publiques, des dispositifs de santé et d'éducation,
  • de proximité en élaborant dans chaque département des projets de territoire,  afin d'agir au plus près et au mieux des besoins et attentes des publics cibles, comme pour favoriser la concertation et l'efficience des acteurs (au niveau local, départemental, régional, ARS, État et les citoyens).
  • favoriser une prise en charge des personnes dans leur globalité (santé, éducation, logement, loisirs, culture, etc.) en privilégiant la coordination des divers acteurs locaux et nationaux par la concrétisation d'un travail en réseau pluridisciplinaire,
  • d'engagement dans un travail participatif avec les principaux concernés, à savoir les familles avec leurs  enfants mais aussi leur entourage (fratrie, grands-parents, enseignants, éducateurs, amis, voisins, etc.),
  • d'actions de prévention et d'accompagnement des familles dès le plus jeune âge des enfants pour faciliter et pérenniser l'insertion socio-professionnelle de tous (lutte contre le décrochage scolaire, parentalité mise à mal, diagnostics de handicaps tardifs, problème de délinquance, etc.).

En somme, il reste encore beaucoup à faire et il nous faudra donc suivre de très près les évolutions apportées en ces domaines.

Si ce sujet vous intéresse tout comme moi, je vous invite à lire les différents documents mentionnés dans cet article. Allez, je vous en suggère un petit dernier pour la route : rapport de l'atelier "Familles vulnérables, enfance et réussite éducative : pour une politique de l'enfance au service de l'égalité de tous les enfants" issu de la Conférence nationale contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale, octobre 2012.

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